Candomblé de Caboclo.

 

                                                                                    Candomblé de Caboclo.

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Le Candomblé de Caboclo à Bahia, est sans doute la modalité la plus répandue des religions afro-brésiliennes surtout si on lui ajoute des formes très proches existant ou ayant  existé dans d' autres régions du Brésil comme la Macumba à Rio, le Xangô de Caboclo à Recife et le Nordeste, le Jaré dans la Chapada Diamantina, le Tambor da Mata au Maranhão,etc.

Cest aussi le parent pauvre des études afro-brésiliennes dominées par l'ethnocentrisme jêjê-nago monopolisant le concept d'africanité à son seul profit.

 Un peu comme si la seule Afrique traditionnelle était Fon ou Yoruba et si la ville de Kétou assiègée par la modernité avait seule contre tous préservé sa culture et l'avait transmise intacte au Brésil.

La réalité semble un peu plus complexe et nuancée même si on ne peut ni ne doit diminuer l'importance des cultures du golfe de Guinée dans la formation des cultes afro-Brésiliens.

D'abord, il faut cesser d'imaginer que les cultures africaines sont toutes semblables. La conception qu'ont des Nkisi les Bakongo n'est pas nécessairement la même que celle des Yoruba concernant les Orixas. L'autre monde envisagé par les différents peuples d'Afrique n'est pas nécessairement le mëme de Dakar à Maseru, même s'il existe des points communs.

Ensuite, il faut se souvenir que les autres peuples ( Amérindiens ou Européens) ont aussi des cultures et que quand elles entrent en contact les unes avec les autres, elles finissent par s'influencer.

Le Candomblé de Caboclo, le plus populaire, celui des pauvres, celui sans doute des esclaves est certainement celui qui a été le plus persécuté par la police et la société blanche. Il a souffert d'un triple racisme. Celui des blancs, en corolaire celui des peuples "soudanais" par rapport aux bantous et celui des africanistes à cause de son manque de "pureté afro-africaine.

Histoire. Erreurs. Méconnaissance. Mépris. Malhonnêteté Intellectuelle.

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1. Le mélange.

                        Le Candomblé serait né à Bahia à l'arrivée de trois africaines qui auraient installé le premier temple africain du Brésil dans le quartier de Barroquinha. Il existe toujours aujourd'hui après son déménagement dans un autre quartier et est connu sous le nom de Casa Branca ou Engenho Velho. Suite à des querelles dynastiques seraient issus de cette racine le terreiro du Gantois et plus tard l'Ilë Axê Opô Afonja.

 De là seraient nés tous les Candomblés du Brésil. C'est la théorie qui a orienté depuis Nina Rodrigues toutes les études des anthropologues étrangers et même brésiliens s'étant intéressés au Candomblé et ce jusqu'il y a peu. Ces terreiros représentant la " pureté africaine."

                        Les Candomblés bantous seraient des copies dégénérées des précédents et les Candomblés de Caboclo un assemblage hétéroclite et sans raison si ce n'est une étape de plus dans la déliquescence et la dégénérescence des précédents.

                         Dans cette vision des choses, tous les candomblés de caboclo descendraient par imitation du terreiro de Silvana, une mère de Saint de nation kétô qui aurait innové en introduisant le culte des esprits amérindiens dans son temple.

                         Une autre version prétend qu'il y aurait eu dans le passé des temples ne rendant un culte qu'aux divinités amérindiennes indépendamment des cultes africains réalisant une pureté amérindienne face à la pureté nagô, en opposition à " l'horrible"  mélange des genres.

                        Il semble que les choses soient, comme souvent,  beaucoup plus complexes.

 Pour les comprendre, il faut tenter de faire abstraction de tout ethnocentriseme ou idée amenée par les études ethnologiques antérieures . Il faut partir des cultures bantoues et surtout tenir compte des évolutions dues aux contacts avec d'autres peuples et des diverses "réalités" brésiliennes. C'est en réalité très simple et à la fois très compliqué puisque même les ethnologues les plus critiques finissent par utiliser des grilles de décodage influencées par les cultes yoroubas.

2. Le caboclo.

                         Aujourd'hui on vous dira que les Caboclos sont des esprits d'ndiens (Caboclo de penas) ou de bouviers (Boiaderos). Ceci correspond une fois de plus à envisager les choses sous l'influence des terreiros dits " purs". En effet ceci évacue une partie du mélange puisqu'il s'agit de catégories différentes et non-africaines. On peut donc admettre dans ce cas le culte rendu à ses entités dans la mesure où ce n'est pas au même lieu ni au même moment que le rite africain.

                          Les mondes sont donc séparés, la théorie de la pureté est sauve.

                          Olga d'Alakêto, Iyalorixa d'un grand terreiro kétô de Salvador, aujourd'hui décédée, ne rendait un cultre à son caboclo qu'en présence quelques personnes choisies et ne reconnaissait pas ce fait en public.

                           Estela d'Oxossi, Iyalorixa d'un des terreiros les plus respectés du Brésil n'admet pas ce culte dans son terreiro mais accepte que ses filles de saint s'occupent de leur caboclo ailleurs.

                            Jorge Amado, nous apprend que chez Balbino, Babalorixa d'un grand temple réafricanisé avec l'aide de Pierre Verger, un des propagateurs zélé de la théorie de la suprématie et de la pureté yoruba, les Caboclos se manifestaient dès que Pierre Verger tournait les talons.

 La règle de la séparation de lieu et de temps est loin d'être la règle dans la majorité des temples dits caboclos où les cultes se superposent sans grandes difficultés (raison pour laquelle ils sont très critiqués par l'aristocratie du candomblé).

2. Quelques erreurs et un peu de mépris.

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La meilleure description ancienne des candomblés de Caboclo vient sans doute d'Edison Carneiro qui malgré son nagocentrisme étroit, il était membre d'un des grands terreiros

cité ci-dessus, nous a livré des informations encore valables aujourd'hui et intéressantes malgré le mépris affiché et la méconnaissance de l'Afrique au sud de l'équateur.

Il estime que le mélange présent dans les cultes caboclos est la preuve d'une immense distenciation par rapport à l'Afrique et d'une franche ignorance des rituels africains. En même, temps il fournit des arguments qui prouvent que lui n'avait pas les connaissances nécessaires pour comprendre grâce aux faits qu'il rapporte qu'il s'agit d'une autre Afrique, mais de l'Afrique tout de même. On ne peut pas lui en vouloir, c'était ainsi à cette époque.

Bibliographie.

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Bastide Roger.

Capone Stéfania.

Carneiro Edson.

Chada Sonia. A Musica dos Caboclos nos candomblés baianos. Série Fundação Gregorio de Mattos. 2006.

Prandi.

Santos Jucelino Teles dos. A divinidade caboclo no candomblé da Bahia.

Vatin Xavier. Rites et musiques de possession à Bahia. L'Hamattan. Paris. 2005.

 

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